La rénovation énergétique est aujourd'hui au cœur des préoccupations des ménages et des politiques publiques en France. Face à l'urgence climatique et à la hausse des coûts de l'énergie, l'amélioration de la performance des logements est devenue une priorité nationale. Si l'on pense spontanément à l'isolation, au changement des fenêtres ou à l'installation d'un système de chauffage plus performant, un élément fondamental est souvent sous-estimé : l'installation électrique. Loin d'être un simple détail technique, le système électrique est en réalité le système nerveux de l'habitat moderne. Une rénovation énergétique ambitieuse ne peut faire l'impasse sur sa mise à niveau, au risque de compromettre non seulement la sécurité des occupants, mais aussi l'efficacité réelle des efforts engagés. Dans une région comme le Luberon, où le bâti ancien de caractère côtoie des constructions plus récentes, cette question est d'autant plus pertinente.
Avant même de parler de performance, la première fonction d'une installation électrique est d'assurer la sécurité des personnes et des biens. Une rénovation globale est l'occasion idéale de faire le point sur un réseau souvent vieillissant et potentiellement dangereux.
Le constat est sans appel. Selon l'Observatoire National de la Sécurité Électrique (ONSE), près de 7 millions de logements en France présenteraient une installation électrique à risques. Plus inquiétant encore, environ un quart des 250 000 incendies d'habitation recensés chaque année serait d'origine électrique. Ces chiffres soulignent une réalité tangible : des fils électriques sous gaine de tissu, des tableaux à fusibles en porcelaine, une absence de mise à la terre ou des dispositifs de protection obsolètes sont autant de dangers latents. Dans les centres historiques de villes comme Pertuis ou Aix-en-Provence, ou dans les mas anciens de La Bastide-des-Jourdans, ces installations d'un autre temps sont encore fréquentes. Profiter de travaux de rénovation pour remettre le réseau aux normes n'est donc pas une option, mais une nécessité absolue.
En France, la référence en matière de sécurité électrique pour les locaux d'habitation est la norme NF C 15-100. Elle régit la conception et la réalisation des installations pour garantir leur sécurité et leur bon fonctionnement. Elle impose notamment la présence d'un disjoncteur général, de dispositifs différentiels 30 mA pour protéger les personnes, un nombre minimal de prises et de points lumineux par pièce, ainsi que des circuits spécialisés pour les appareils énergivores. Dans le cadre d'une rénovation complète, l'attestation de conformité délivrée par le Consuel (Comité National pour la Sécurité des Usagers de l'Électricité) est obligatoire pour la remise en service par le fournisseur d'énergie. Selon les statistiques du Consuel, plus de 10 % des installations contrôlées nécessitent une contre-visite pour non-conformité, ce qui démontre l'importance de faire appel à un professionnel qualifié pour garantir que les travaux sont réalisés dans les règles de l'art.
Une fois la sécurité assurée, l'installation électrique devient un formidable outil pour optimiser les consommations et atteindre les objectifs de la rénovation énergétique. Un réseau moderne et bien pensé permet de piloter intelligemment les équipements et de maximiser les économies d'énergie.
L'image du radiateur électrique « grille-pain », énergivore et peu confortable, est aujourd'hui dépassée. Les solutions de chauffage électrique modernes, telles que les radiateurs à inertie, offrent un confort thermique comparable à celui d'un chauffage central. Couplés à des thermostats programmables et à des délesteurs, ils permettent une gestion fine de la consommation. De même, le remplacement d'un ancien cumulus électrique par un chauffe-eau thermodynamique est l'un des investissements les plus rentables. Ce dernier utilise les calories présentes dans l'air pour chauffer l'eau. Selon l'ADEME (Agence de la transition écologique), un chauffe-eau thermodynamique consomme en moyenne trois fois moins d'électricité qu'un modèle à résistance classique, permettant de réduire significativement la facture énergétique annuelle du foyer.
La domotique, ou gestion intelligente de l'habitat, transforme la maison en un écosystème connecté qui optimise la consommation en temps réel. Une installation électrique moderne est le prérequis indispensable à son déploiement. Grâce à des modules installés dans le tableau électrique ou derrière les interrupteurs, il devient possible de programmer des scénarios pour réduire le gaspillage : extinction automatique de toutes les lumières en quittant le domicile, gestion centralisée des volets roulants pour limiter la surchauffe en été (un enjeu majeur dans des villes comme Venelles ou Aix-en-Provence), ou encore pilotage du chauffage en fonction de la présence des occupants. Une étude de l'Insee sur les dépenses des ménages montre que la part de l'électricité dans le budget logement est en croissance. Des systèmes de gestion active peuvent générer jusqu'à 15 % d'économies d'énergie en éliminant les consommations superflues.
Une rénovation réussie est une rénovation qui anticipe les évolutions futures. L'électrification des usages, notamment dans les domaines de l'énergie et de la mobilité, rend la mise à niveau du réseau électrique encore plus stratégique.
Avec un ensoleillement exceptionnel, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur est particulièrement propice à l'installation de panneaux solaires en autoconsommation. Produire et consommer sa propre électricité est une démarche à la fois écologique et économique. Cependant, le raccordement d'une installation photovoltaïque au réseau domestique ne s'improvise pas. Il nécessite un tableau électrique adapté, capable d'accueillir les dispositifs de protection spécifiques (parafoudre, sectionneur) et de gérer les flux d'énergie entre les panneaux, la consommation de la maison et le réseau public. Selon RTE (Réseau de Transport d'Électricité), la production d'origine solaire a connu une croissance de plus de 30 % en France en 2022. Anticiper cette possibilité lors d'une rénovation électrique évite d'avoir à réintervenir lourdement sur l'installation quelques années plus tard.
Le développement du véhicule électrique est une tendance de fond. Recharger sa voiture à domicile est la solution la plus pratique et économique, mais elle impose des contraintes fortes sur l'installation électrique. Brancher un véhicule sur une prise domestique standard n'est ni sécurisé ni efficace sur le long terme. L'installation d'une borne de recharge dédiée, ou IRVE (Infrastructure de Recharge pour Véhicule Électrique), est fortement recommandée. Celle-ci requiert un circuit dédié et protégé au tableau électrique, capable de supporter une puissance élevée pendant plusieurs heures. Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution, anticipe que près de 8 millions de points de recharge privés seront installés d'ici 2035. Une rénovation qui n'intègre pas cette attente priverait le logement d'un atout essentiel pour l'avenir.
La mise à niveau de l'installation électrique n'est pas un poste de dépense annexe dans un projet de rénovation énergétique, mais bien son socle fondamental. Elle est le garant de la sécurité des occupants en se conformant à la norme NF C 15-100. Elle est ensuite le catalyseur des économies d'énergie, en permettant l'installation d'équipements performants et le déploiement de systèmes de pilotage intelligents. Enfin, elle est la condition sine qua non pour préparer l'habitat aux usages de demain, comme l'autoconsommation solaire et la mobilité électrique. Alors que la réglementation, notamment via la RE2020 pour le neuf, pousse vers des bâtiments à énergie positive et connectés au réseau intelligent (smart grid), il apparaît clairement qu'une installation électrique moderne, sûre et évolutive est l'investissement le plus pertinent pour valoriser son patrimoine et réussir durablement sa transition énergétique.